Journal d'un aventurier de la barque

et autres chroniques des deux cités.

Je voulais être mercenaire de Dieu

Ne te fais pas de souci, le Seigneur me dit. Du travail tu en auras.

Maintenant je veux des sacrifices. De l’application.

Et en effet, je ne vois rien d’autre. Rien d’autres pour sauver les âmes, pour sauver ce qui reste de la France, que des sacrifices agréables à Dieu.

Le travail humain me paraît tellement vain.

Et je suis tellement confus à ce sujet.

Tout ce que je sais c’est que je suis ici par obéissance. Obéissance à mon professeur, à la divine providence, à la parole donnée, à moi-même.

Mais au fil des jours, même si l’expérience est saisissante, il n’y a que Dieu qui fait sens.

Aurais-je peur de regarder ailleurs que vers le ciel, de peur de ne pas y trouver Dieu tel que je me l’imagine ?

Et ce monde m’attire. Je suis écartelé, je dois avancer vers Dieu et lâcher le monde. Cela me paraît contre intuitif, tant j’ai le désir de passer à l’action et que tout ce qui m’est présenté me semble contraire à toute raison. Et le pire de tout c’est que je suis d’une lâcheté et d’une paresse sans noms. Mais n’est-ce pas là, ne serait-ce pas là, des raisons supplémentaires pour se laisser par la douce main du Christ ?

L’aventure dont j’ai toujours rêvé est là. Et elle a probablement toujours été là. Les écailles me tombent des yeux, peu à peu. La foi vient m’éclairer, avec beaucoup de douceur.

Et oui, d’un œil non chrétien, c’est pas gagné : les loups sont dans la bergerie. Les maçons et leurs maîtres moissonnent, les païens et les hérétiques pullulent, le diable à pignon sur rue et hordes de fidèles. Le vivier des justes et sous hypnose générale, dans la course à la vinaigrette. Nos esprits captifs des petits et grands écrans nous avons cessés de penser pour nous même, nous tournons fièrement le dos à la vérité contre une dose d’anesthésiant moral. Le vice et l’ignorance sont les mamelles auxquelles s’abreuve tour à tour et insatiablement notre fière âme d’aveugle impie..

Et malgré tout cela, le Dieu d’amour continue de nous aimer, nous enseigne la charité et nous rachète. Librement. Et patiemment nous attend à la porte de notre cœur.

Comment ne pas faire confiance à un tel Dieu ?

Nos sociétés ont beau être en ruine, nos familles divisées, nos journées difficiles et nos rêves foulés constamment, à tort ou à raison, ne sommes nous pas coupable d’avoir délaissé le créateur pour de la poussière ? Méritions nous ce que nous avons reçu ? Ne sommes nous pas coupables, non seulement de l’avoir délaissé et pervertis, mais également d’avoir ignoré et délaissé la source de notre bonheur ? Mystère du péché originel. Insultes envers nos pères qui ont sacrifiés leurs âmes à Dieu, pour notre bien à tous. Les vrais bien se complètent, de la même manière que la vérité ne se contredit point. En cherchant Dieu, l’on trouve sa misère. Mais celle-ci est supportable et appréciée, devant cet amour infini. Elle prend sens. Et en cherchant Dieu, il nous montre notre prochain et nous en rapproche. Divine charité. Servir les autres comme nous aimerions être servi. Cela plaît à Dieu que nous œuvrions pour notre frère. La voilà la ligne d’action. Infinie. Dans la charité grandi l’amour de Dieu et la miséricorde envers le prochain. Et dans la miséricorde envers le prochain, dans l’acte de charité, intérieur et extérieur (dans les œuvres, d’aucun dirons…), grandi la conscience de notre propre misère, attisant une soif toujours plus grande de Dieu. Soif alors comblée devant le mystère de l’incarnation et le sacrifice ultime du Christ.

Et cela pour tous et toutes. Pour tous et toutes.

Il faut être mendiant de Dieu parait-il.

Parfois nous le savons, parfois nous l’oublions. Lui n’oublie pas et nous attends.

Je voulais être mercenaire de Dieu. Me battre pour récompense. Mais c’est se leurrer que de croire que le désir de Dieu, la volonté, le discernement, ne viennent d’ailleurs que du créateur Lui-même. Je ne peux pas être mercenaire de Dieu car je ne suis libre qu’en lui. Hors de lui, je suis esclave. Je me suis donc enrôlé, pensant être mercenaire et faire ma meilleure affaire, simplement pour découvrir que j’avais été racheté de ma condition d’esclave.

Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *