Journal d'un aventurier de la barque

et autres chroniques des deux cités.

Fortuitement, le vingt sept mai de l’an de grâce deux mille vingt-cinq, mon beau-père, l’ex-mari (civil) de ma très chère mère, le père de mes frères, est décédé. Même si il me mettait des claques, il n’en reste pas moins l’homme qui m’a en partie élevé, et qui a totalement supporté ma mère. Et, fait étonnant et tout à son honneur, sans jamais lui en mettre, de claques. Et Dieu sait que cela aurait pu régler pas mal de choses.

Quand j’ai commencé à découvrir la foi chrétienne, la théologie, les scolastique et les chrétiens – les vrais, ceux qui se savent pêcheurs mais qui vivent joyeusement en respectant Dieu – je savais que cet homme été fait pour être chrétien. Il aurait adoré, s’il avait su ce que c’était.

Cet homme, car c’en était un, était un pilier. Son départ révéla à mes yeux et à mon cœur, à la fois ce qu’il avait bâti, ce qu’il avait laissé et les luttes intérieures qu’il menait.

Je ne garderais que du bon de cet homme. De ce héros. Tuteur bien malgré lui et pourtant volontaire du pauvre gosse que j’étais. Mari et amant héroïque de ma mère. Père non moins héroïque de mes deux jeunes frères. Et père aussi d’un autre enfant que connais moins car plus vieux, mais dont il a également assumé le rôle de père.

Il m’a aidé à entretenir mon goût pour la lecture. À développer un palais pour le genre de la fantaisie, de la sf aussi un peu. Et pour les albums de bandes dessinés, en particulier ceux avec des dessins de femmes (démesurément) plantureuses, jeunes, sportives et souvent presque nues.

Il m’avait également initié intelligemment aux nouvelles technologies avant la grande censure d’Internet et la démocratisation et militarisation de l’outil smartphone.

Et surtout, ce visionnaire, il m’avait dit de faire attention et de faire des études, pas parce que c’était logique, mais pour ne pas finir sous les ordres de quelqu’un de plus con que moi !

Cela n’a pas grand sens mais c’est drôle. C’est l’inverse du bon sens paysan. Les études n’ont jamais empêché ni quelqu’un d’avoir un chef, ni que ce chef soit con. Mais je crois derrière ça, ce qu’il voulait dire c’est que, “dans la vie il faut se battre un peu quand même, sinon on en chie encore plus”.

Tu es parti tôt mon ami. Mais peut être, sûrement, au bon moment. J’ose à croire que la retraite t’aurait fait plus de mal que de bien. Tu savais au fond que l’oisiveté n’était pas faite pour toi, ni toi pour elle. Ton cœur a toujours voulu quelque chose de plus grand, de plus beau. Tu as une âme de chevalier mon ami. Toujours serviable, toujours droit, toujours poli. Toujours prêt à mettre les mains dans le cambouis pour aider, toujours prêt à rendre service. Toujours présent au devoir.

Franchement, intelligent comme tu étais , avec tout ton temps libre nouvellement mis à disposition, je pense que tu n’aurais pas mis longtemps à regarder cette société différemment que quand tu avais la tête dans le guidon.

Tu as fait ce que tu avais à faire et tu l’as fait de ton mieux. Et tu l’as fait bien.
Et nous serons nombreux à témoigner en ta faveur.

À bientôt.

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