Journal d'un aventurier de la barque

et autres chroniques des deux cités.

Quelle nuit.

Dans l’avion j’avais somnolé quatre heures. Je me suis dit que j’allais pouvoir m’effondrer sans trop de problèmes, et bien non.

Moins de deux heures de sommeil.

J’ai passé ma nuit à prier.

Dans mon lit, entre mes murs de bambous, la précarité de ma situation m’a saisi. Puis l’angoisse. Puis le démon.

De temps en temps, un bruit extérieur me tirait de mes attaques et m’ancrait dans le présent. Parfois un oiseau hurleur, parfois une meute de chiens sauvages, parfois un coq chantant dans la nuit. Ah, oui. Notre hôte à un élevage de coqs. Et quand l’un se réveille, les autres le suivent.

Le voisin, aussi. Il se couche tard, vers deux heures, lorsque les derniers hurlement de chiens s’éteignent. Les murs étant en papier et sa cabane jouxtant la mienne, j’ai pu apprendre à le connaitre un peu. Il a beaucoup d’amis, probablement en France, avec qui il aime bien téléphoner la nuit. Il pisse debout aussi et ne dors pas très bien. Et le samedi soir, c’est son soir. Je ne sais pas si c’était une professionnelle, mais a ses rires polis et ses soupirs encourageants, elle était patiente et le trouvait particulièrement drôle. Qu’en sais-je? J’étais fatigué.

Mais tous ces bruits, au final n’étaient pas si gênants. Ils me ramenaient à la réalité et m’ancraient. Quand le bruit cessaient, les attaques revenaient.

J’ai commencé à prier, d’abord par intermittence, puis continuellement. Le sommeil ne m’a rattrapé que vers les cinq heures et demi.

Je me suis réveillé sur un cauchemar horrible. Impression démoniaque.

Une histoire de vampires qui falsifiaient l’histoire. Tromper le peuple était leur gloire et leur fierté. Et les gens suivaient.

Je me ressaisis rapidement. Prière du matin et feu. J’ai un peu plus de deux heures pour trouver un moyen d’aller à la « cathédrale » de Chiang Mai. Il n’y a pas de transports vers la ville d’ici. Enfin je n’en connais point. Mais j’ai prié toute la nuit et je sais que j’aurais ma messe.

Je sors de la résidence. Une voiture sors en même temps que moi. Échange bref. Je suis à Chiang Mai trente minutes après, juste à côté du Sacré Cœur. Je profite du temps que j’ai en rab pour faire la reco entre le marché et l’église.

Time spent in reconnaissance is seldom wasted.

La messe est en anglais. Un peu particulière mais ok. Je suis toujours un peu dérouté par le modernisme, mais à la sauce jésuite-thaïlandaise, c’est encore autre chose. Mais je fais confiance à l’Esprit-Saint.

Un peu trop peut-être… Je suis parti avec très peu d’argent. Cent euros sur un compte, deux cent sur l’autre.

J’utilise les cent euros pour louer un scooter, pour les cinquante jours où je serais dans la région. Après avoir donné mon tarif max, les margoulins me font essayer une épave. J’en demande un autre. Ils me donnent une autre épave. Autour de moi, au moins deux cents véhicules dans le même genre. Je n’insiste pas. Je me dis que je ferais attention. Et rien de tel qu’un engin qui à vécu et un peu capricieux pour perfectionner ma conduite. Certes, la jauge d’essence et le compteur ne fonctionnent pas, et il fuit un peu, mais qu’importe? Ce qui est important c’est que ces roues réparées à la bombe et suintant étrangement tiennent bon. Je ne l’utiliserait que pour aller à la gym et à la messe de toute façon. Et puis en cas de problème, ils m’ont assurés qu’ils me le changeaient, sans charge supplémentaire. Tope là mon vieux! Et tiens, mon permis en caution.

La reine des voleuses, après m’avoir encaissé, en voyant l’engin m’offrit la location du casque. Il est normalement en option. Elle a vu la bête et elle a insisté pour que je le prenne. Même gratuitement. Si si , prenez le. Merci madame.

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