Journal d'un aventurier de la barque

et autres chroniques des deux cités.

Encore mal dormi cette nuit, mais ça s’améliore: petit somme entre minuit quarante et trois heure, et un autre petit somme entre cinq heure et sept heure.

Je ne suis pas pressé de retrouver l’usine à farangs . Et après tout, même si je veux rentabiliser mes arrhes, c’est ma semaine d’acclimatation.

Comme je disais à Hugo, je veux bien participer à l’élevage de farangs dont vivent le thaïs depuis quelques années , mais je tiens à être bio et élevé en plein air!

Mon état général m’apporte beaucoup de peur. Je pense, j’aime à penser, que Dieu fait le tri en moi. Je vais m’accrocher.

Je me sens impuissant et indigne de tout. Sur ce point, la perspective chrétienne est la seule qui me rassure.

Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’incarnation et le l’historicité de notre Seigneur hein. Mais même dans les préceptes, c’est le seul qui vient pour les pauvres, les indigents, les assoiffés de justice, j’en passe et des meilleurs. Cela change pas mal des success strategies, qui à mon sens ne sont pas pour tout le monde. Les lois de l’attraction et compagnie, qui fuient la misère des autres pour ne pas voir la leur et qui qui arrivent à se convaincre à force de pignolage mutuels que si ils ont un train de vie décent ou une bonne santé, c’est grâce à leurs propres forces. Quelle blague.

C’est l’occidental qui n’a jamais connu la misère.

Non, le christianisme pour moi est assez honnête: nous sommes nés inégaux en situations et en capacités mais Dieu nous aime tous. Il fait briller le soleil sur les bons et les mauvais, comme disent les anciens. Et ceux qui ont plus de capacités, de compétences ou autre, ont une responsabilité quant aux plus faibles.

« Qu’as-tu que tu n’aies pas reçu? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en enorgueillir? »

Bref… je suis tout de même angoissé à l’idée de n’avoir même pas de quoi me payer un biller de retour. Ou même de me payer un bon restau quand j’en ai envie. Ici, les étrangers qui viennent sont les rois du pétrole. Et beaucoup se comportent comme tels d’ailleurs. Cela a donné lieu à une sacrée augmentation des tarifs ces dernières décennies. Ainsi qu’à une ultra spécialisation des activités touristiques.

La règle me d’or me frappe. Faites aux autres ce que vous aimeriez que l’on vous fasse. Pas évident.

Et la parabole des talents me terrifie.

Quels sont mes talents? À quels champs suis-je appelé? Que vais-je faire pour marier celle que j’aime? Quel monde vais-je offrir à nos enfants?

Et surtout: que faire pour trouver la réponse?

Parfois je me demande si je ne suis pas condamné à ne pas donné de fruit (quel orgueil…).

Il y a surement une solution, une solution pratique, évidente. Là-dessus, mon professeur m’a toujours surpris. Toujours droit au but. Efficace. Joignant le geste à la parole.

Un regard perçant et précis, embrassant vastement à la fois l’horizon comme le plus intime détail, et toujours respectueusement. S’emparant du réel et passant à l’action. Impressionnant s’il en est.

Aussi, la France me manque. Un petit mal du pays. Mais je ne suis pas dupe. La France me manque aussi quand j’y suis. La France qui aurait pu être mon pays, j’ai bien l’impression qu’elle est morte, ou sous respiration artificielle.

Ceux qui cherchent les causes les trouveront. « Beaucoup de secrets, très peu de mystères », comme m’avait dit un jour cet excellent V. Vassiliev.

Les paysages sont tellement riches ici.

L’après midi je retourne à la grosse gym donc. Le contraste avec hier est saisissant. Le cours est toujours identique.

Même si c’est l’usine, les rares moments passés avec les coachs sont appréciables.

Il fait nuit maintenant.

C’est tout de même marrant ces cabanes.

Elles sont là, silencieuses, trônant en tribu dans le jardin. Pas un bruit. Elles sont paisiblement endormies. Puis vous rentrez dedans et là, il y a un voisin dans chaque mur.

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